Hier s’est produit une tragédie. On a tendance à évoquer le terrorisme avec une certaine distance car vivant dans un pays en paix (en opposition aux pays touchés par la guerre) c’est une chose qui nous est étrangère. Hier cependant la réalité nous a rattrapé et la folie de deux hommes s’est abattue juste là à coté, dans un quartier tranquille qui est le mien.
Cette attaque a été faite sous prétexte de fanatisme religieux et c’est à cause de cette excuse absurde que des hommes ont abattus de sang froid des dessinateurs, des journalistes. A cet instant, le monde entier s’est levé et a fait front en s’unissant pour déclarer que la liberté d’expression était un droit fondamental que nul ne pourrait bafouer même à travers des actes de barbarie tel que ceux malheureusement pratiqués.
Dés lors, la presse dans son ensemble mais également et surtout tous les réseaux de communication se sont emparés de l’affaire et on a pu apercevoir ce slogan « Je suis Charlie » diffusé en masse sur les réseaux sociaux par des anonymes.
Cette action simple a été initiée, à travers trois mots ont fait leur apparition mercredi, juste après les faits, publiés dans une image sur Twitter par Joachim Roncin, journaliste et directeur artistique pour le magazine Stylist. Sollicité par de nombreux médias, il déclare au Figaro «ne pas avoir envie de s’associer à toute récupération». Le 7 janvier au soir, il déclarait à l’AFP qu’il trouvait «bizarre» d’être devenu «une sorte de représentant de l’effroi».
Cette décision de la part de ce journaliste qui a fait malgré lui le « buzz » est honorable mais n’a malheureusement pas été imitée par tous. En effet certaines marques ont trouvé judicieux de pratiquer ce qu’on appelle le « newsjacking » soit le fait de reprendre un fait d’actualité afin d’en faire profiter sa marque. Cette pratique n’est déjà pas glorieuse en soit (comme le rappelle justement le site de MyCommunityManager) mais dans ce cas précis cela est simplement honteux et indécent.
Ainsi je tiens à dénoncer le site 3 Suisses, qui a diffusé aujourd’hui une image sur facebook reprenant le message du journaliste et en y intégrant le logo de leur marque. Cette pratique n’est pas respectueuse. Comme le souligne un des commentaires émis à la suite de cette publication, il ne manquait plus qu’un « -60% sur tous les soldes du site » placardé sur cette même image. Un tel drame ne doit pas être pas sujet au commerce de bien et services.
Malheureusement ce qui est incontestablement un business honteux et déplorable ne s’arrête pas là. Ainsi des personnes opportunistes en ont profité pour éditer des objets dérivés portant le fameux slogan « Je suis Charlie ». Acte pourtant fortement opposé par le journaliste à l’initiative de ces mots par un tweet qu’il a publié aujourd’hui même : « Le message et l’image sont libres de toute utilisation en revanche je regretterais toute utilisation mercantile. »
Enfin comble de l’horreur, certains ont même mis en vente leurs numéros de Charlie Hebdo sur ebay pour des prix absolument exorbitants tel en témoigne le fameux numéro de « Charia Hebdo » par lequel toute cette histoire a malheureusement commencé mis en vente à divers tarifs dont un atteignant 16 000EUR (celui ci cependant garantit reverser les bénéfices à une association, reste il encore à vérifier cette affirmation…) Pourquoi ebay ne modère pas ces annonces ?
Il apparait de façon générale que bon nombre de gens ont bien du mal à mesurer leurs propos bien que peut être même ne comprennent ils pas ce qu’ils leur arrivent. Hier un enfant de 8 ans allant à l’école juste à coté des locaux de Charlie Hebdo a entendu la fusillade alors qu’il était dans la cour de récréation, je lui ai demandé comment il a réagit et si il voulait en discuter celui ci m’a dit « non ça va, j’ai l’habitude c’est comme dans les jeux vidéos ». Peut être faut il commencer par ne pas banaliser la violence auprès d’un très jeune public et ainsi peut être que des individus tels que ceux qui ont perpétré ces actes inqualifiables hier n’existeront plus car entre l’information et la désinformation il n’y a qu’un pas. D’ailleurs il serait peut être judicieux de rappeler à ne pas faire d’amalgame dangereux entre les intégristes islamiques et la religion musulmane.
Enfin je crois qu’il convient de rappeler ce que la liberté d’expression nous a apporté et comment celle ci a fortement évoluée ces dernières années avec l’apparition des réseaux sociaux aujourd’hui aujourd’hui omniprésents dans la vie de chacun pour le meilleur mais aussi pour le pire.
Nous avons la chance d’être dans un pays libre qui nous permet d’exprimer notre opinion, quelle qu’elle soit, même parfois un peu « borderline ». Je me rappelle avoir eu un très bon ami qui arborait régulièrement un t-shirt ayant pour seule inscription « Fuck Jesus ». J’étais révoltée à chaque fois qu’il le portait car j’estimais que le simple fait de porter cet habit était un manque de respect énorme envers la communauté catholique. Je n’étais pas d’accord avec son opinion, j’ai exprimé mon désaccord fermement envers lui à de nombreuses reprises mais j’ai pas brulé son t-shirt pour autant.
Nous avons effectivement la liberté de dire haut et fort tout ce qui nous passe par la tête mais ce n’est pas pour autant que nous n’avons pas le devoir et la responsabilité de réfléchir à nos actes car de simples mots peuvent avoir de graves répercussions sur la vie d’individus.
Ainsi je suis heureuse que les réseaux sociaux m’aient donné l’opportunité d’avoir une voix aussi minime soit elle dans le domaine qui me passionne, à savoir la mode. Grâce au développement des blogs, j’ai la chance de m’exprimer quotidiennement et avec une totale liberté sur un sujet qui me tiens à coeur, aussi futile soit il. Cette chance et cette liberté est donnée à chaque individu pourvu qu’il ai juste l’envie de la saisir et de tenter cette aventure.
En revanche les réseaux sociaux sont également un danger car ils permettent l’accès à tous à des données parfois choquantes (comme la vidéo de l’exécution du policier devant Charlie Hebdo par l’un des terroristes) qui ne devraient pas être diffusées car elles répandent l’horreur. On a malheureusement tous plus ou moins cet esprit pervers qui nous pousse à la curiosité face à des monstruosités et certains franchissement la barrière et créent à leur tour l’horreur. Ainsi des vies d’adolescents sont détruits par la création de groupes facebook ou la diffusion de vidéos d’humiliations ayant pour seul but le mépris d’individus. Ceci est intolérable et à chaque fois que je vois une nouvelle histoire de ce type surgir, je m’estime chanceuse que les réseaux sociaux n’existaient pas alors que j’étais adolescente et cela bien que je sois aujourd’hui social media manager de profession et passionnée par ce métier qui m’enrichit jour après jour, c’est là tout le paradoxe de ce nouveau moyen de communication à la fois extraordinaire mais qui peut se révéler également très dangereux.
J’aimerais conclure cet article avec une image, qui m’a été difficile à trouver. En effet à travers ces évènements j’aimerais rappeler que nul ne peut stopper la plume et ce simple fait est annonciateur d’espoir, d’où le fait de communiquer une image joyeuse suite à une tragédie. C’est ainsi que j’ai choisi l’image du blog Nymphéa’s Factory qui illustre pour moi l’espoir.
Merci beaucoup Chloé pour ton article. Ca m’a fait du bien de te lire à propos de ce malaise ressenti devant la récupération de cette tragédie par certaines personnes. J’ai également aimé la photo du blog Nymphéa’s Factory (que d’ailleurs je ne connaissais pas). J’avais besoin d’une image positive.
Disons que j’avais besoin de m’exprimer sur certains points même si comme me l’a fait remarqué un ami j’ai mis un « sacré pavé » & que d’autres m’ont critiqué, parfois il faut juste dire les choses je pense avec ses propres mots.
Pour le blog de Nymphea’s Factory, je ne le connaissais pas non plus avant non mais c’est une très jolie découverte, j’aime beaucoup son univers si léger & doux et elle a un réel talent je trouve !